Carnet de route

Laissez-nous un commentaire !

De Huisseau à Grayan


  • publié le 16 novembre 2021
  • Pays ou région :

De Huisseau à Grayan

 

Comme l’indique la photo à la Une, nous sommes arrivés au bord de l’océan où nous pensons rester une quinzaine de jours et profiter de notre petite fille et de ses parents.

Cependant, avant d’en arriver là, un périple ludique et instructif nous aura conduit de la forêt de Fontainebleau aux châteaux de la Loire avec une petite escale à La Rochelle mais en attendant…direction Fontainebleau !

Pour les 50 ans de sa sœur, Patou avait trouvé ce cadeau original que nous aurons la chance de partager. 4 heures de balade dans la forêt de Fontainebleau sur des trottinettes électriques. Encadré par Fabien, nous vous le recommandons vivement. Connaissant « sa » forêt sur le bout des roues, il nous aura fait partager sa passion tout au long de la balade. Vous pouvez consulter son site en cliquant ici !

Tout d’abord prise en main de nos véhicules et… c’est parti !

Honnêtement c’est tout de suite un réel plaisir que de conduire ces trottinettes, la position est confortable, un peu similaire au monoski, les accélérations surprenantes et surtout avec ses deux moteurs situés sur chacune des roues un véritable confort et silencieux de surcroit !

La forêt, domaine royal depuis 1067, se compose de 25 000 hectares dont seulement un petit tiers est privé.

La balade nous conduit au célébrissime village de Barbizon. C’est sans doute le peintre Camille Corot qui vers 1822, lance les prémices de ce qui sera appelée l’école de Barbizon soit un ensemble de peintres qui, avec l’invention de la gouache et l’arrivée du train à Fontainebleau en 1849, viendront s’inspirer de la nature pour peindre des paysages.

Ces peintures « d’après nature » pré-impressionnistes rendront célèbres ce petit village qui sera obligé de se doter de restaurants, auberges et épiceries pour permettre à leurs auteurs d’y séjourner plus longuement…

…en effet, entre 1825 et 1875 plus d’une centaine de peintres français mais aussi anglais, hongrois se succéderont, y laissant des traces de leur passage…

…jusque sur le fronton de nombreuses maisons telle la plaque à droite sur cette maison célébrant le peintre hongrois Ladislas de Paal.

Après ce détour villageois, nous retournons dans la forêt…

…où nous croiserons ces concrétions gréseuses appelées « gogottes » et qui font le bonheur des escaladeurs de blocs.

Nous voici arrivés sur la platière d’Apremont au bord des gorges du même nom…

…sur laquelle nous nous arrêterons pour un pique-nique mérité !

365 km de chemins balisés parcourent la forêt dont certains dateraient du XVIème !

Nous parcourerons aussi quelques km le long d’une partie de forêt dite de protection dans laquelle toute modification est interdite laissant la nature faire son œuvre. Fabien nous expliquera aussi que la forêt dispose de plusieurs statuts différents assurant sa protection et sa conservation.

Dernière halte avec au fond…

…l’hippodrome de la Solle. Unique dans son genre car le seul situé en pleine forêt. Si les 1ères courses eurent lieu sous Louis XVI, son inauguration est faite par Napoléon III et l’impératrice Eugénie le 22 juin 1862. Aujourd’hui encore de nombreuses courses s’y déroulent.

Après plus de 45 km de balade nous rentrons contents de notre journée.

De retour, derniers petits réglages des vélos par le cycliste (petit rappel, c’est ainsi que les marocains appellent le réparateur !)

Après une ultime visite chez le vétérinaire pour constater que la convalescence peut commencer, Eléa se trouve embêtée par sa corolle l’empêchant de toucher sa cicatrice, au demeurant bien belle. Encore 6 semaines à faire attention courses, escalier etc. sont pour l’instant prohibés. Le 24 novembre une radio de contrôle nous dira comment avance l’ossification consécutive à l’opération.

Et voilà, Huisseau sur Mauves c’est terminé !

Nous décidons pour rejoindre Grayan, notre prochaine halte, de visiter 3 châteaux. Le 1er sera Chenonceaux (avec ou sans « x », au choix !) et hop c’est parti !

Surnommé le château des dames car chacune a su laisser son indélébile empreinte, la 1ère d’entre elle, Katherine Briçonnet et son mari, contrôleur général de François 1er le construisent en 1513, sur le Cher, en lieu et place d’un château-fort dont ils ne gardent que le donjon, que nous voyons sur la photo précédente.

 

Diane de Poitiers, favorite d’Henri II qui lui en fait don en 1547, est la 2nde dame qui marquera cet édifice en faisant construire le pont qui le dotera de son architecture unique et créera les jardins qui figureront parmi les plus spectaculaires et modernes de l’époque.

 

Vint ensuite Catherine de Médicis, veuve d’Henri II qui se fait remettre le château par Diane et qui poursuivra les travaux d’architecture notamment en faisant élever la galerie à deux étages sur le pont pour y organiser de somptueuses fêtes. C’est d’ici qu’elle dirigera le royaume.

S’en suivront ensuite Louise de Lorraine (veuve d’Henri III et dernière présence royale), Louise Dupin (représentante du siècle des lumières, s’entourant de l’élite des intellectuels de l’époque tels Voltaire ou Rousseau) et Marguerite de Pelouze (qui dépensera une fortune à le restaurer comme à l’époque de Diane) qui elles aussi à leur manière marqueront le château.

La maison du chancelier de Catherine qui gérera le domaine.

Dernière vue avant d’entrer…

Inaugurée en 1577, lors de fêtes organisées par Catherine de Médicis en l’honneur de son fils, le roi Henri III, la galerie est longue de 60 m, large de 6. Au début du XIXème, elle s’orne de médaillons évoquant des personnages historiques célèbres.

L’histoire contemporaine retiendra aussi deux faits importants :

  • Durant la 1ère guerre mondiale, le propriétaire, Gaston Menier (des chocolats !), fit aménager à ses frais un hôpital où seront soignés sous l’égide de Simone, sa femme, 2254 soldats.
  • Lors du 2nd conflit mondial, la ligne de démarcation était matérialisée sur le Cher aussi l’entrée du château se trouvait en zone occupée alors que la porte sud de la galerie était en zone libre permettant à la résistance de l’utiliser pour s’affranchir de l’ennemi !

Installées dans les énormes soubassements formant les piles assises dans le lit du Cher, voici l’office des cuisines…

…avec son four à pain…

…puis la boucherie dans laquelle on peut voir les billots et les crochets destinés à suspendre le gibier.

Pour appeler le petit personnel pour le service !

Situé sous la grande galerie, un pont reliant une pile à l’autre permettait grâce à une plateforme, le passage de l’office aux cuisines ainsi que le ravitaillement par bateau cependant, à quoi peut bien servir ce contrepoids ?

Réponse un peu plus loin !

 

Les cuisines ont reçu un équipement moderne qui s’imposait lors de la transformation du château en hôpital.

Nous voici devant la cheminée et ses rôtissoires. Et donc voici le pourquoi du contrepoids, il permettait par un ingénieux système d’engrenage de faire tourner la viande à griller, une manivelle pour le remonter et hop là !!

Le salon Louis XIV, en souvenir du passage royal en 1650, dont le portait trône à côté de la cheminée renaissance aux armoiries de François 1er et la reine Claude.

Remarquable escalier droit car l’un des premiers construits en France d’inspiration italienne, il est coupé d’un palier d’où l’on voit le Cher.

En suivant trois photos montrant l’évolution du château…

La chambre de Catherine de Médicis dont la cheminée, le décor et les tomettes datent de la renaissance.

Le vestibule du 2nd étage a gardé intact les restaurations effectuées au XIXème pour madame Pelouze, dont nous avons déjà parlé.

Bien sûr, la visite nous a fait passer de chambre en chambre, celle des 5 reines, de César de Vendôme, de Gabrielle d’Estrée ou de Louise de Lorraine mais, pour ne pas rendre fastidieux l’article, nous vous en faisons grâce !

Et donc pour finir, le labyrinthe, voulu par Catherine de Médicis. Il est planté de 2000 ifs sur plus d’un hectare.

Nous quittons le Cher pour nous diriger au sud-ouest direction Azay-le-Rideau pour une autre visite que nous ferons le lendemain…

Le 1er château médiéval est attesté en 1119 par le seigneur Ridel (ou Rideau) d’Azay et fut donné, repris, redonné. En 1518, le couple Berthelot, dont le mari avait la charge du trésor royal, l’acquiert et fait bâtir le château actuel jusqu’en 1523.

Changeant encore de mains en 1528, la demeure n’est réellement habitée qu’à partir de 1547. Son architecture en L et ses décors signent l’arrivée de la première renaissance. Ses propriétaires successifs auront à cœur de moderniser le château tout en respectant l’héritage du passé.

Prêts ? Allez, partis pour la visite !

L’escalier d’honneur, édifié selon un modèle italien est d’une grande modernité pour l’époque. Construit au centre du bâtiment principal, c’est un escalier droit, dit « de rampe sur rampe ». Possédant 4 niveaux de baies et décalées par rapport aux autres fenêtres, cet escalier à loggias, dont le décor, véritable dentelle, fut réalisé par les meilleurs sculpteurs de l’époque, nous montre, entre autres, les emblèmes de François 1er et de son épouse (salamandre et hermine).

Les paliers ainsi que la main courante de l’escalier dans l’épaisseur même du mur, montre la recherche de confort dans sa conception.

Les voutes plates à caisson sont ornées de médaillons représentant rois et reines de France.

La visite nous conduit d’emblée dans les combles et les fenêtres nous permettent de bien voir ses toitures à fortes pentes, sa poivrière (tour placée dans l’angle) …

…son angelot sur un des épis de faîtage…

Ses sculptures ciselées sur le fronton des lucarnes…

Nous supposons qu’avec la pente, en cas de fortes pluies la gouttière descendante doit être munie d’un réceptacle capable d’absorber les litres arrivant brutalement…

La charpente d’origine est en bois de chênes dont la coupe fut autorisée par François 1er durant l’hiver 1517 en forêt de Chinon. Elle fut achevée en 1522. Les combles du château sont dits « à surcroit » c’est-à-dire que les murs qui supportent la charpente s’élève au-dessus du plancher afin de libérer plus d’espace !

Bien que construit à la renaissance, le château fait des références au moyen-âge avec des éléments de décor tels ces machicoulis…

…ou ce chemin de ronde courant …

…sur trois façades.

Un point de vue du sommet.

La visite intérieure peut commencer puisqu’à partir de maintenant nous ne faisons plus que descendre.

D’abord l’antichambre dont la fonction principale est de laisser patienter les personnes que le seigneur souhaite recevoir dans ses appartements privés ou pas !

A partir de 1791 après avoir changé plusieurs fois de propriétaires, le château devient la propriété des marquis de Biencourt et ce pour 4 générations soit jusqu’en 1822 ou ruiné, Charles est contraint de le vendre et disperse tableaux et mobiliers que ses descendants rachèteront et en feront don à plusieurs musées.

Quand l’état en deviendra à son tour propriétaire en 1905, il lancera une campagne de restauration dès 1907 et bon nombre des tableaux et mobiliers reprendront leur place initiale tel le salon dont le raffinement appelle les hôtes de marque au délassement !

Reflétant l’art de vivre de la grande bourgeoisie, la table de billard s’impose comme un meuble essentiel dans cet espace consacré à la détente entre amis.

 

Au fond nous remarquerons un meuble qui nous semble étrange…

…et dont on nous dira après, que tel qu’on l’avait envisagé, il servait à compter les points !

La cuisine plus modeste qu’à Chenonceau, nous est présentée selon un inventaire fait par la « femme de charge » au service des Biencourt en 1809.

Nous poursuivons notre visite par un tour extérieur nous permettant de voir le château sous toutes ses formes…

La façade sud et son miroir d’eau pour mieux nous montrer l’équilibre et la symétrie qui constituent une de ses caractéristiques…

La façade ouest avec sa pièce d’eau qui jusqu’au XIXème servait de « gardoir à poissons » alimenté par l’Indre, avant d’être rattachée par élargissement au miroir d’eau de la façade sud.

Nous quittons Azay pour nous rendre dans le dernier des châteaux que nous visiterons mais avant, permettez que je vous explique une certaine déconstruction de mon histoire personnelle !

Des cousins germains de mon grand-père maternel habitait dans la maison la plus proche du dit « dernier château » et possédant sa clé, voir photo suivante, j’ai pu le visiter plusieurs fois lorsque j’étais enfant tant est si bien que j’ai cru jusqu’à cette visite qu’il leur avait appartenu avec les terres avoisinantes.

La grande découverte en le revoyant fut de comprendre qu’ils n’avaient été que les contremaitres d’un certain Mr Jules Cravoy, entrepreneur pied-noir, débarqué en 1963 après l’indépendance de l’Algérie, emmenant dans ses bagages ces cousins. Cruelle désillusion même mon frangin le savait et je ne m’explique pas pourquoi j’ai pu imaginer cela. Mais ce n’est pas grave, nous voici devant et il possède une belle histoire que voici !

Vraisemblablement construit au XIIème, il prend définitivement le nom de château de la Mothe-Chandeniers en 1624. Appartenant à la famille Rochechouart pendant 2 siècles et dont Francois, l’un des vicomtes fait du château, un lieu faste et incontournable des années 1650.

Changeant de nombreuses fois de mains, il est racheté en 1809 par un riche entrepreneur, François Hennecart qui le fait restaurer et aménager les extérieurs. De legs en legs il arrive dans la famille Lejeune qui métamorphose le domaine en s’inspirant de celui d’Azay-le-Rideau (tiens ! tiens !) dont on retrouve l’idée d’un plan d’eau entourant l’édifice.

La façade est et sa terrasse vénitienne que j’ai donc plusieurs fois arpentée mais continuons l’histoire…

…en effet, le dimanche 13 mars 1932, tandis que le Baron Lejeune vient de faire installer le chauffage central, un incendie se déclare et malgré l’arrivée des pompiers, le désastre est inévitable, le château est réduit en cendres et il est laissé en l’état par ses propriétaires qui eux partent habiter ailleurs. Suit donc quelques trente ans plus tard l’épisode de mes cousins qui y resteront jusque dans les années 80 en en faisant une exploitation agricole pilote…

Racheté par un ancien professeur qui trente ans durant, essaiera en vain de le restaurer mais la nature reprend ses droits…

…en 2016, le château est racheté par la SAS du château de la Mothe-Chandeniers grâce au financement participatif de plus de 20 000 contributeurs devenus co-châtelain, dont je fais partie, c’est désormais la plus grande copropriété du monde !

Le projet et l’enjeu majeur est de conserver le romantisme de la ruine à travers un programme ambitieux et maîtrisé appelé cristallisation, qui consiste à trouver le juste milieu pour conserver en l’état, la symbiose entre l’eau, la nature et l’architecture.

Si ce projet vous intéresse, le lien en cliquant ici !

Nous y dormirons une nuit avant de partir plein ouest pour quelques jours à La Rochelle et passer de bons moments avec les copains, Véro, Christophe et Marielle, Damien et Catherine que vous avez déjà tous vus sur de précédents articles !

Et comme il fait beau nous en profitons pour aller nous dégourdir dans les rues gavées de monde de la ville.

Notre prochaine escale ?

Grayan bien entendu ou nous savons que nous allons abondamment profiter de notre petite-fille !!

Comme nous devons faire attention à notre Eléa vieillissante et qui ne pourra désormais plus nous suivre comme avant quand nous ferons du vélo, nous avons trouvé sur internet, cette remorque dans laquelle pour l’instant elle se tient à carreau afin de pouvoir lors de nos arrêts se dégourdir les pattes …et pour chercher quoi à votre avis ?

Allez un indice…

Nous voilà réunis tous ensemble pour une omelette aux… allez je n’insiste pas !

Mamie, plus vite !!

Et on reprend les bonnes habitudes, petit bain avant le premier dodo chez papi et mamie camion, trop bien !!

Quel bonheur !!

Nous resterons une quinzaine de jours dans le Médoc avant de continuer à descendre plus au sud, voir Damien, Dana et les copains. Nous espérons d’ici là être en mesure de vous indiquer notre destination hivernale et pour cela, on croise les doigts car entre crise diplomatique et crise sanitaire, les frontières hispano-marocaines ne sont toujours pas ouvertes ….

 

A bientôt donc !

 

Laisser un commentaire