Comme certains d’entre vous le savent déjà, nous avons commencé une nouvelle aventure en acceptant de gérer le camping de la Charité sur Loire.
Située à équidistance de sa source et de son embouchure, la présence d’un passage à gué permettant la traversée de la Loire semble avoir permis la création d’une petite bourgade appelée Seyr. Vers 700, une première église y est fondée et le nom de la Charité viendra un peu plus tard du fait de celle dont faisait preuve les moines envers les pauvres. Un prieuré clunisien et 2 églises sont bâtis en 1059, consacré par le pape Pascal II en 1107 et qui régneront sur 45 monastères et 400 obédiences en France et dans toute l’Europe.
Au XIIème des remparts ceintureront la ville mettant même en échec 3 siècles plus tard, Jeanne d’Arc.
Le pont de pierre qu’on voit sur la photo à la une est construit en 1520, remanié au XVIIIème.
Jusqu’à la fin du XIXème et l’ouverture du canal latéral à la Loire au gabarit Freycinet, la navigation était ici très active et de nombreux mariniers vivaient dans les ruelles descendant vers la Loire.
Inscrite au patrimoine de l’UNESCO avec l’église Notre Dame, passage obligé des pèlerins de Compostelle partis du Vézelay, la Charité sur Loire est aussi depuis les années 1990, la cité des mots. Instaurée par un libraire qui crée une foire aux livres, il y eu depuis cette période, une douzaine d’autres libraires et autres métiers du livre qui s’y sont installés. En 2003, le 1er festival du mot a lieu et de nombreuses citations d’auteurs sont peintes sur les murs, façades (dont celle du camping), vitrines et trottoirs de la ville.
Par un pluvieux 15 mars, nous arrivons dans ce qui sera notre environnement mais n’ayant pas, encore, les clefs du camping, nous patienterons le week-end sur l’aire de camping-car situé à l’autre bout de l’île car oui, le camping est sur une île !!
Lundi 18 mars, nous faisons connaissance de visu avec Thierry et Tony qui seront nos supérieurs durant la saison. Nous faisons un tour du camping, prenons la pleine dimension de ce que sera notre travail pendant la saison. En effet, bien que le foncier appartienne toujours à la commune, le camping est en délégation de service public c’est-à-dire que son exploitation est entièrement à la charge de l’entreprise qui nous embauche et par voie de conséquence, nous aurons à le gérer dans sa globalité même si à ce moment là, nous n’avons pas encore vraiment conscience de ce que cela signifie.
Quoiqu’il en soit, le début de notre contrat étant le lundi 25 mars, nous allons mettre à profit ce temps pour essayer de nous installer au mieux et si possible connaître un peu plus en profondeur notre environnement.
Mais voilà le sol est gorgé d’eau et Sacado s’enfonce…
…et c’est rien de le dire !!
Après moult essais infructueux, nous ressortirons Sacado de son emplacement, irons acheter un grand basting que nous couperons en tronçon, trouverons dans une benne des morceaux de médium, creuserons…
…pour enfin, réussir à positionner Sacado pour sa saison ! On vous passe les détails pourtant croustillants de la mise à niveau car en plus le sol est penché dans les 2 sens soit sur la longueur et la largeur de Sacado.
Autour de nous la nature est encore sauvage aussi nous profitons du soleil pour découvrir quelques sentiers que nous saurons proposer à nos campeurs…
Comme vous pouvez le constater, le niveau de la Loire est encore bien haut !
Une fois notre installation terminée, il nous reste encore quelques jours que nous mettrons à profit pour s’en aller visiter des sites un peu plus éloignés du camping, non s’en faire une petite halte boueuse pour le plus grand plaisir d’Eléa !!
Nous voici donc à Guérigny, ville lumière par excellence de la Nièvre, elle s’est construite autour du site des forges au XVIIIème que nous allons de ce pas visiter !
Tout d’abord, l’essor de ce site en revient à Pierre Babaud de la Chaussade, maître des forges et propriétaire qui en fit l’unique fournisseur des ancres et chaines de la marine royale, révolutionnaire, impériale et républicaine et ce jusqu’en 1971 !
C’est ici qu’il fonda son empire industriel qui comprenait à son apogée d’autres forges disséminées sur le département et un gros fourneau.
Le plan est typique d’un ensemble d’ateliers animés par l’énergie hydraulique stockée dans le grand bief sur la photo, lui-même alimenté par la réunion des deux Nièvre.
Datant du XIXème, ce marteau pilon fonctionnant à la vapeur d’un poids total de 15 tonnes avec une masse tombante de 5 tonnes sur une hauteur de 2 mètres !
Et dont vous pouvez voir ici l’usage !
Utilisant le principe de la vis sans fin (appelée vis hydrodynamique) élaborée il y a 3000 ans par Archimède, transmettant son énergie à une turbine mise en place il y a une vingtaine d’années cela produit toujours de l’électricité d’une puissance de 54 KW. De plus, des études ont prouvé que cette vis permet le passage des poissons vers l’aval sans danger !
A l’origine, le site utilise bien l’énergie hydraulique mais fabriquée par des roues à aube de ce type…
..qui transmettent leur énergie à ces grandes roues à gorge (voir dessous) qui elles-mêmes au moyen de câbles métalliques transmettent des forces considérables même à grande distance. Des engrenages verticaux répartis çà et là entrainent des engrenages horizontaux qui distribuent dans les différents ateliers l’énergie nécessaire à la fabrication des chaines et ancres.
Récipient recevant le métal en fusion…
Inauguré en 2015, ce cheminement piétonnier à travers le marais, fait la jonction entre les forges et les différents lieux d’habitation…
…à commencer par le château jamais achevé !
Après avoir contourné le château, nous parvenons vers un ensemble de bâtis où se mêlent…
Les habitations des directeurs, sous-directeurs…
Le 5 septembre 1781, les forces navales françaises dont pièces de fer, ancres, colliers de mât et boulets de canon forgés ici, signèrent une victoire décisive dans la guerre d’indépendance américaine !
Hébergement collectif des élèves car ici sont formés des marins (!) et des apprentis en métallurgie
Sans commentaire !
A gauche les dortoirs, à droite les salles de classe.
Juste à l’extérieur des forges, les habitations des travailleurs.
Nous quittons Guérigny pour aller un peu au nord-est visiter la ville de Prémery et son château, propriété des évêques de Nevers. Bâti au début du XIVème, il sera leur résidence d’été.
Son lavoir, bâti en 1850, alimenté par une source et les eaux de pluie.
La balade autour du lac se termine par un enchevêtrement de cours d’eau
Construite à partir de 1196 jusqu’au XIVème, la collégiale Saint-Marcel est classée monument historique depuis 1840
Maison médiévale, c’est ici que serait né Nicolas Appeleine, le bon saint de la commune.
Située à 2 km de Prémery, la réserve naturelle des Mardelles est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. On y rencontre des espèces végétales rares comme l’osmonde royale.
Difficile à voir à cause du reflet, est présenté ici un bout de chêne fossilisé datant de 1685 av JC !!
Nous continuons notre balade en nous rendant à Clamecy. Ici la maison natale de Claude Tillier, écrivain et dont l’un de ses livres nous est cher car…
…de son livre est tiré le film mon oncle Benjamin, joué par Jacques Brel et qui est à l’origine du prénom de notre aîné !!
Nous commençons notre découverte de Clamecy par la partie haute, car construite sur un éperon rocheux au confluent de l’Yonne et du Beuvron, la vieille ville est en secteur sauvegardé. Arpentons les rues médiévales…
La rue de la monnaie, reliant la basse à la haute ville et dans laquelle des caves servaient d’ateliers de fabrication de la monnaie particulière des comtes de Nevers.
La maison de la tourelle et son escalier à vis.
Plus loin, la maison du tisserand sans doute la plus pittoresque dont les fenêtres du rez-de-chaussée sont typiques des échoppes du XVème.
Avec le canal du nivernais permettant de relier les portes du Morvan à la Seine donc à paris, s’écrit une des pages les plus importantes de la ville. En effet, à partir du XVIème siècle Clamecy connait une certaine prospérité grâce au flottage du bois.
Le bois, coupé dans les forêts du Morvan est jeté dans les ruisseaux. Suivant ensuite le cours de l’Yonne, le bois est acheminé jusqu’ici en radeaux, appelés train de bois (jusqu’à 75m de long et 4.50m de large !)…
…que les flotteurs, sur la photo suivante, amènent jusqu’à la capitale pour lui fournir du bois de chauffage en une douzaine de jours.
Ce bassin permet le stockage avant…
…d’être aiguillé par cette écluse au pont tournant et de prendre la direction de Paris.
La collégiale Saint-Martin dont la construction s’étale du XII au XVIème, passant du roman au gothique flamboyant.
Nous voici de l’autre côté de la ville en suivant le Beuvron et le quai des moulins-de-la-ville. Ici du VII au Xème étaient construits adossés aux remparts des moulins bâtis par les comtes de Nevers…
…et dont les derniers cessèrent leurs activités vers 1960.
Le pont de l’abreuvoir qui tient son nom de l’abreuvoir à chevaux !
Très modeste l’église réformée de Clamecy.
Après une petite balade dans le parc, Eléa est toute étonnée qu’ici et maintenant nous lui servions son repas du soir, mais pourquoi donc ????
Car ce soir, nous utilisons enfin, notre bon cadeau restaurant offert par nos résidents permanents de Dormans. Merci encore à eux pour cet excellent repas !!
Et voilà, notre grand périple, et d’ailleurs le seul jusqu’à présent sur une journée, s’achève, le boulot qui nous attend nous tend les bras, il va falloir y aller !!
La Loire, dernier fleuve sauvage abrite en son sein diverses espèces animales dont loutres et castors que voici !!
Coucher de soleil vu de Sacado…
Nous avions remarqué depuis quelques temps qu’Eléa avait bien du mal à monter sur le lit aussi l’idée de lui faire une rampe a germé…
…mais pas assez pratique pour elle, ce sera en fait un mini escalier qui prendra sa place pour son plus grand plaisir !!!
Et voilà, nous voici désormais le 25 mars et notre contrat commence.
Le camping de la charité sur Loire est en Délégation de Service Public c’est-à-dire que si le foncier est toujours municipal, son exploitation est privée. L’entreprise « Night and Day » qui nous embauche ainsi que notre supérieur en nous remettant les clés du camping, nous demande de le gérer en bon père et mère de famille. Nous constaterons rapidement que depuis 2019 (date du début de DSP) les gérants ont changé chaque année et on peut aujourd’hui le dire, l’entretien du camping n’a pas été au top. Nous prendrons conscience au fur et mesure de l’ampleur du travail qui nous attend car plus rien n’est fait par la commune. A nous, entretien des locaux, des espaces vers et autres diverses et variées réparations.
Par contre, nous avons les coudées franches pour mettre le camping en ordre de marche avec comme différence fondamentale entre ici et Dormans c’est qu’un simple accord de notre supérieur et nous pouvons prendre dans la caisse l’argent nécessaire aux différents travaux, on gagne évidemment beaucoup de temps.
La suite de l’article va vous montrer rapidement l’étendu de ce que nous avons eu à faire !!
Disposant de 85 emplacements nus permettant d’accueillir camping-cars, caravanes et tentes, il y a aussi plusieurs types d’hébergement différents dont 2 roulottes qui présentent bien de l’extérieur…
…quand nous y entrons elles sentent le moisi et l’humidité, les tissus sont vieillots…
Voire même nous trouverons des champignons çà et là…
Et que dire des prises électriques ???
Un grand nettoyage sera obligatoire, de fond en comble, des réparations en tout genre, les joints de la douche à refaire et Patricia, qui passera quelques jours à refaire coussins, rideaux, couvre-lits pour les rendre enfin louables.
La 2ème roulotte subira le même sort !
Voilà l’état dans lequel nous avons trouvé la douche du logement de fonction…sans commentaire !
Enfin si, car pour la rendre utilisable pour les copains de passage, il aura fallu passer par l’extérieur, démonter gouttières et bardage, et, avec le cric voiture recaler d’aplomb le bac avant de refaire tous les joints !!
Nous sommes sur une île et avec la pluie incessante en ce début de printemps la partie basse du camping est inondée.
…et l’île se rétrécit à vue d’œil !
Un cerisier japonais dans le camping et sa magnifique floraison.
Et ça continue, karcher en main tout est à nettoyer…
…et ça se voit, non ??
La vidange des WC chimiques dans l’état dans lequel nous l’avons trouvé…
…et maintenant !
Enfin un peu de soleil et nous pouvons enfin vous montrer à quoi ressemble le camping
Ici les autres types d’hébergement que nous proposons, des tentes treck pour 2 personnes
Ou baroudeur.
En ce printemps pluvieux, elles seront appréciées des marcheurs ou cyclistes qui évitent de monter et démonter leur propre tente forcément mouillée !!
Sacado dans son environnement !
Et notre jardin privatif !!
Nouveau chantier, le grillage pitoyable de l’entrée du camping…
Et hop là, ça présente mieux, non ??
Le camping est désormais ouvert… un jour, un touriste hollandais oubliant qu’il tire une caravane…
…s’emplafonne le portail qui s’invite dans l’habitacle !
Bien que de guingois, réparé il fera son office pendant la saison en attendant que les assurances s’arrangent entre elles !
Un nouveau chantier. Patricia estime que cette buse à l’entrée du camping n’est pas très jolie aussi…
…après avoir trouvé l’idée, on commence par fabriquer l’outil qui va bien…
…afin d’assembler avec un fil de fer les morceaux de bois de palette entre eux…
Et voilà le travail !!
Comme le camping est sur l’axe de la piste cyclable la Loire en Vélo, nous accueillons pas mal de cyclistes parfois originaux…
Celui-ci particulièrement, son vélo n’est fait qu’à partir de matériaux recyclés (à part roue pédalier, chaine et frein). Son propriétaire, néo-zélandais, envisageait d’arriver à Calais et traverser la manche sur un radeau fabriqué à partir de bouteilles plastiques…nous ne saurons pas si son projet a été mené à bout ?
Vieille moto anglaise et sa carriole !
Patricia embellit encore et toujours…
Assez rapidement, nous constatons que les emplacements, mal délimités sont parfois occupés par des camping-cars qui prennent 2 places aussi…
…des poteaux, de la corde en lin et hop là !!
Et maintenant c’est clair.
La réception et ses 2 fuchsias suspendus, fruits d’une négociation de Patricia avec des exposants d’un marché aux fleurs venus utiliser les toilettes du camping…
Ce cône de chantier, ici depuis au moins 5 ans cache en fait le raccordement d’un candélabre cassé jamais remplacé…
Même négociation et un rosier Rhapsodie et son pot fabriqué maison, c’est mieux non ???
Le portail étant automatique, certains clients ne savent pas se positionner aussi nouvelle négociation de Patricia, cette fois avec les gars refaisant la signalétique de la voirie autour du camping !!!
Et en deux coups de cuillères à pot…
Une belle ligne devant laquelle s’arrêter !!
Nouveau jour, nouveau chantier !!
Terminé et opérationnel !
Nos quasi premiers clients dans une roulotte sont confrontés à un problème : la plaque chauffante ne s’éteint plus ou seulement en disjonctant aussi…
…changement complet !
Entre deux averses on peut quand même se balader dans l’île !
…et la Loire entre 2 crues arrive quand même à regagner la partie haute de son lit !
La numérotation des emplacements laissant plus qu’à désirer rendant difficile le placement de nos touristes (car nous avons aussi mis en place des fiches permettant de placer chaque arrivant en fonction de sa spécificité, camping-car avec ou sans remorque, caravane, van etc…), un nouveau chantier se dessine !
On fabrique l’outil qui fonctionne super bien…
Une véritable usine !
Puis vient la numérotation, à la main s’il vous plait !
Vernissage avant installation !
Bien qu’accueillant des canoës, rien n’est fait pour leur permettre un accostage confortable, le temps de le dire et de la faire…
…et voilà la halte canoë aussi vite utilisée !
Un soir nous avons la surprise de voir débarquer au camping Fred et Sylvie, les beaux-parents de Benjamin, notre fils aîné. Belle soirée !
Le lendemain, nos copains Bernard et Martine de Haute-Savoie passeront aussi nous voir mais là, pas de photos mais je suis sûr qu’ils s’en souviendront longtemps !!
Prendre un peu le temps de faire autre chose !!!
Et voilà le camping est définitivement en ordre de marche, juste les haies à tailler et nous voilà fin prêts pour l’été !!
C’en est fini de ce qui sera certainement le seul article de la saison donc forcément un peu long !
L’été est presque là mais nous avons un déficit de clients assez impressionnant. Il faut dire qu’avec une météo exécrable (nous avons eu 4 crues depuis notre arrivée !), un contexte économique pas très reluisant et une ambiance socio-politique on ne vous en parle même pas, la saison a vraiment beaucoup de mal à démarrer et c’est partout pareil !
De puis quelques jours, nous avons un petit jeune venu nous aider aussi nous allons avoir, enfin, un peu de temps pour faire un peu autre chose car honnêtement depuis notre arrivée nous avons largement dépassé chaque semaine les 42 heures pour lesquelles nous sommes payés !
Pour autant nous sommes vraiment contents de notre choix et nos supérieurs sont très satisfaits de ce que nous avons fait.
Pour information, la porte vous est ouverte, nous avons de quoi vous héberger alors pas d’hésitation si le cœur vous en dit et que l’idée de nous visiter vous traverse, venez !! Nous sommes là jusqu’à fin septembre !!
A très bientôt et à bon entendeur, salut !