Nous quittons Marrakech plutôt contents mais néanmoins soulagés car ici plus qu’ailleurs le touriste est avant tout un pigeon et l’abord est plutôt agressif. Nous partons en direction de M’Hamid en ne connaissant du désert que ce qu’on nous avait dit ou presque mais surtout avec un goût d’aventure. Quelques kilomètres après la sortie de la grande ville, le décor change vraiment et il nous surprendra à mesure que nous avançons…
…la route serpente monte et descend. A chaque col et au soleil des petites boutiques où se vendent pierres et fossiles de l’Atlas.
Et derrière la montagne, une autre…
Cà et là des petits villages en pisé…
…des montagnes plus pelées les unes que les autres !
Et pour certaines bien enneigées !
Lové au creux de l’une d’entre elles, une oasis avec ses palmiers, ses habitations, ses cultures.
Sacado avale avec indifférence tous les dénivelés, dont le col du Tichka qui symbolise à lui seul le passage vers le désert.
Ici commence une longue descente vers Ouarzazate… la pente est continue sur tellement de kilomètres qu’il nous faut être prudent pour éviter la surchauffe des freins…alors on prend son temps !
Des femmes au travail…
Cet autre village aux toits plats dans une région qui reçoit de la neige nous a un peu surpris
Et encore des femmes au travail…
Nous sommes encore loin de Ouarzazate quand nous décidons de passer la nuit dans ce nouveau décor…
1ère vision au réveil… toujours une femme, elle ramasse de l’herbe sèche…
Les marocains du sud ne nous abordent plus de la même façon. Est-ce notre attitude plus « autochtone » ou bien eux qui sont sensiblement différents ?
En tout état de cause le rapport change et ce matin là, intrigués, des enfants se sont approchés de Sacado mais n’ont rien quémandé au point qu’il nous fut facile de partager un gâteau que nous avions.
Ce qui nous frappe le plus en repartant c’est cette merveilleuse couleur du ciel. Nous nous étions fait la remarque la veille mais ne supposions pas qu’elle serait identique le lendemain et tous les jours suivants.
Et encore ces petites oasis…
Avec son obligatoire minaret qui assène à longueur de journée ses sermons à intervalles réguliers (précédé d’un son qui nous a longtemps fait croire au démarrage d’une mobylette… et c’est rentré dans notre langage…tiens c’est la mob qui démarre !!)
Que dire ???
Le désert commence à envahir tout l’espace. Tant que l’oued est approvisionné en eau les palmeraies s’étendent le long de la vie…
…et sans eau…
Une boutique au milieu de nul part
Nous arrivons enfin à Ouarzazate. L’entrée est majestueuse mais il faut dire que… nous apprenons très vite que choisie par sa luminosité et son authenticité conservée, elle est devenue depuis les années 50 le « Hollywood » marocain. D’Ali Baba (en 1954) à Prince of Persia (2010) de nombreux films y ont été tournés.
Mais avant d’en parler plus en détail, un peu d’histoire…
Surnommée « la porte du désert, » Ouarzazate (qui veut dire « sans bruit ») fut édifiée au carrefour de 2 vallées empruntées des siècles durant par les caravanes-sérails. Devenue point stratégique pendant le protectorat français, elle fut le siège de la reddition du dernier Glaoui que la population locale considère comme un traitre.
Le symbole de la ville autant que celui du protectorat est la forteresse de Taourirt.
Bâtie au milieu du XVIIIème, c’est là que s’exerçait le pouvoir du chef local, le Glaoui.
Un guide ultra compétent nous accompagne pour la visite et nous détaille la vie à l’intérieur de ce palais. Ces moucharabiehs (2ème génération, la 1ère était en bois) permettaient en plusieurs points du palais, aux femmes de voir dehors sans être vues ! Il y avait même une place attitrée pour la favorite !
Du plus haut étage, la vue s’étend jusqu’aux montagnes avec devant le lac dont le barrage modifie conséquemment le débit du Draa qui, quand il pleut abondamment rejoint l’Atlantique à travers le désert et en fait l’oued le plus long du Maroc.
La salle à manger…
L’ossature du palais est en pisé mais les plafonds sont tous (chez les gens riches) construits de façon identique : des poutres en palmier et du bois de lauriers roses qui non seulement permettent toutes ces teintes et dessins (le losange étant le symbole clé des berbères), mais ont en plus une action repoussante car les termites omniprésentes dans le désert, ne s’attaquent pas à ce bois. Le plafond tiendra plus longtemps CQFD. Dans les maisons plus modestes le laurier est remplacé par des bambous et il faut donc les refaire régulièrement.
Nous quittons l’histoire pour entrer dans le cinéma… voyez-vous bien l’église et la mosquée proche l’une de l’autre ???
Malgré leur intégration dans le paysage, ce ne sont que des décors !!! Construites en bois avec du pisé dessus, elles sont dans l’enceinte du musée du cinéma…
Et ces décorations sur la façade de la maison ???
Du polystyrène pour cacher les fils dans des films d’époque. Par contre les gouttières qui dépassent sont authentiques ! Elles dépassent toutes d’un mètre afin d’éviter à l’écoulement d’eau d’abimer la façade.
De la même façon, notre guide nous explique que la plupart des jeunes portent la barbe comme aux temps anciens. Ce n’est pas par fanatisme, c’est uniquement parce que beaucoup de ouarzazatis sont des figurants et par conséquent s’adaptent à la demande !!!
Quant nous partons de Ouarzazate, nous sommes contents de nous rendre compte que la relation aux gens est de plus en plus facile et conforme à nos propres codes. Ça continue bien !
La route se rétrécit encore un peu… Direction Zagora…
Encore un peu d’eau dans les oueds.
Et le désert qui s’amplifie…
Nous suivons de loin en loin la vallée du Draa qui de toute façon passe par M’Hamid !
Le 1er oasis que nous approchons vraiment !
Belle forme de montagne non ?
Plus près de la vallée avec ses cultures qui font vivre localement des milliers de personnes.
Toujours des femmes !
Je me répète non ? Mais que font donc les hommes ???
Parfois la palmeraie se densifie…
…forcément une ville plus grande. Zagora dont l’entrée en ville nous fait sourire…
Et la sortie nous informe !!
A partir de maintenant les longues lignes droites se succèdent… Encore 95 kilomètres avant M’Hamid…
Nous voilà prévenu…
N’est-ce pas !!!!
Nous remarquons aussi de nombreux puits disséminés ça et là et nous apprendrons par la suite que ce désert est posé sur une nappe phréatique saline qui les alimente pour ainsi dire tous. Bien sur cette eau est impropre pour nous avec nos estomacs trop fragiles…
Nous voilà, 4 jours après avoir quitté Marrakech au dernier col …
…qui est vraiment la dernière « porte » avant le désert.
Les panneaux jaunes que vous distinguez étant les recommandations d’usage quand on s’aventure dans de tels espaces.
Comme vous le constatez, la route s’est franchement rétrécie et c’est un vrai sport local que de provoquer la voiture d’en face pour être celui qui restera sur la route et ne pas manger la poussière ! Nous sommes relativement tranquilles vu le gabarit de Sacado qui, à mesure que nous avançons est le plus gros des véhicules…alors respect !!!
Nous voilà arrivés à M’Hamid. Ici la route s’arrête et laisse sa place aux pistes. Alors pour être sur que chacun sache exactement où nous sommes….
Plus qu’ailleurs, les hommes (tiens j’en parle !) ont à lutter contre l’avancée du désert aussi, en utilisant les feuilles du palmier ils construisent en un savant imbroglio de tressage, des murs qui arrivent par leur nombre à stopper son avancée.
Lorsque nous arrivons à M’Hamid une escouade de berbères en costume nous alpague pour nous vendre des excursions, un camping, un 4X4… et il nous suffit de leur répondre que nous allons travailler chez Hassan pour qu’on nous laisse passer.
Voici donc où nous sommes accueillis le 21 décembre. L’Hamada du Draa est la propriété d’Hassan. Fils de berbères nomades, il gère maintenant cette auberge camping en même temps que 2 bivouacs dans le désert. Il s’occupe aussi de voyages organisés qui l’amène à Agadir ou Marrakech. Bref un businessman.
En une photo une petite présentation de son site…
Et Sacado à sa place…cool !
Les rapports avec Hassan et son équipe sont d’emblée très chaleureux et nous trouvons facilement un terrain d’entente quant à l’échange. De notre côté nous mettons en avant notre savoir faire, nos outils (scie sauteuse, circulaire, poste à souder, tronçonneuse…), Patou à la cuisine ou à la couture…
Et moi entre autre à couper du bois pour alimenter le chauffe-eau qui permettra aux touristes d’avoir des douches chaudes !
Le soir au bar, nous faisons notre maximum. Nos vélos sont empruntés plusieurs fois par jour. Bref nous faisons partie de la famille et chacun s’arrange pour être le plus agréable possible et tous n’est que plaisir et bonheur. De son côté Hassan nous nourrit régulièrement. Il n’est pas question de payer pour notre emplacement et surtout il nous conduira dans le vrai désert pour bivouaquer et voir un coucher de soleil sur les dunes…il parait que c’est grandiose.
Et voilà Hassan, dans sa position préférée avec sa chicha !
Arrive le soir de Noël. Nous sommes cordialement invités à partager le repas avec d’autres français présents et à l’apéro, nous faisons goûter à nos amis marocains un foie gras maison avec du champagne (merci Papy) ! Le luxe !
La fête est improvisée et nous alternons pour la plus grande joie de tous, musique et tradition berbère…
A un Noël plus occidental…N’est-ce pas Félix et Edith…à qui nous transmettons un bout de M’Hamid…
Le 31 se passera sans grande formalité et nous entamons donc 2013 sereinement !!
Nous commençons notre intégration dans le village où beaucoup nous reconnaissent ou ont entendu parler de nous et de notre travail.
La vie ici va à un rythme qui me convient parfaitement. Quand on bricole il y a toujours une solution ou « marocaine » ou « berbère » mais il y a une solution ! Et toujours un magasin ouvert pour te dépanner avec une grande gentillesse.
Et surtout ! Et surtout ! Plus besoin de marchander. Les prix que l’on nous pratique sont ceux des gens d’ici et la vie devient moins coûteuse ! Les petits magasins d’alimentation générale sont bondés de marchandise, pour autant, il va nous falloir apprendre à nous débrouiller avec la petite diversité des produits locaux. Toutefois, si un produit important vient à manquer on peut se le faire livrer dans la journée de Zagora. Et si facilement !
Arrive le terme de cet article un peu dense. Beaucoup de jours se sont déjà écoulés là où ce dernier se termine. Nous avons découvert plein de choses qui seront dans le prochain mais avant d’en terminer permettez 2 appels du pied :
- Si vraiment vous souhaitez être dépaysés une bonne semaine durant avec un programme qu’on peut vous concocter et pas cher, n’hésitez pas à nous en faire part. On peut venir vous chercher à Ouarzazate et vous emmenez dans un autre monde !! A bon entendeur !
- J’espère mettre en place avec l’Institution dans laquelle je travaillais à Auch, des séances Skype avec les collégiens de M’Hamid autour de thèmes communs… si d’aventure certains ont envie de reproduire l’expérience…A bon entendeur (bis) !
Malgré la honte qui m’étreint…le stress… le bureau… bref vous connaissez !
Nous vous souhaitons à tous
UNE EXCELLENTE ANNEE 2013
Et tant pis pour ceux qui l’ont déjà reçu
Un dernier clin d’œil à qui vous savez… celui-ci s’appelle Hamar, c’est celui de la maison, préposé à tous les travaux et aux bivouacs !
Le prochain article très prochainement…